Voila ce que Toulouse devra étudier !
La touche pour offrir des munitions
La touche, c'est l'arme fatale des London Irish, le principal pourvoyeur de ballon pour lancer le jeu en mouvement prôné par Brian Smith. Le club possède le meilleur alignement du championnat anglais, voire sans doute le meilleur alignement d'Europe. Avec trois sauteurs de haut niveau régulièrement sollicités, les Londoniens disposent d'une multitude de possibilités sur leurs lancers, par ailleurs souvent précis. Et ils sont surtout très efficaces en contre, à l'image du deuxième ligne Nick Kennedy, qui a déjà subtilisé 16 ballons sur lancers adverses dans son championnat national. Contre l'USAP, en quart de finale, les Anglais ont gagné 22 touches, dont 4 sur lancers catalans, soit autant de munitions très précieuses à exploiter. Même lorsqu'ils ne parviennent pas à voler le ballon, ils gênent considérablement l'équipe adverse en ralentissant ses lancements.
Du mouvement pour imposer son jeu
Il y a chez les London Irish une tradition de jeu et de mouvement qu'on ne retrouve nulle part ailleurs en Angleterre, sauf peut-être à Bath. Les Exiles ne se contentent pas d'un gros paquet d'avants et d'une bonne occupation du terrain, comme le font beaucoup d'autres équipes britanniques. Pour eux, le salut passe avant tout par les extérieurs, les initiatives, le jeu de passes. Il n'est alors pas étonnant de retrouver les deux ailiers, Topsy Ojo et Sailosi Tagicakibau, parmi les cinq joueurs les plus perforants du championnat anglais (plus de 1000 mètres chacun parcourus avec le ballon). Shaun Geraghty, un des grands espoirs du rugby anglais, se régale également à remonter les ballons et à relancer. Autre statistique éloquente, les Irish sont les meilleurs dans ce que les Anglais appellent les Offloads, des passes après plaquages, la faculté de passer les bras, geste typique des attaquants racés.
Pour pratiquer ce jeu ambitieux, il faut donc s'appuyer sur une conquête parfaite, mais aussi sur une défense efficace et agressive pour récupérer un maximum de cartouches, car il faut avoir la possession du ballon pour imposer son jeu, une lapalissade certes mais qui mérite néanmoins d'être rappelée. Dans le sillage d'une troisème ligne très joueuse, le demi de mêlée Paul Hodgson préfère largement la passe au jeu au pied, et laisse à Mike Catt le soin d'animer et de prendre les décisions. Le retour de Peter Richards, international anglais, offre également une nouvelle option intéressante.
Un jeu au pied efficace pour alterner
Le dernier fondement de la réussite des London Irish sur la scène européenne, c'est un jeu au pied très précis, dirigé par le métronome Mike Catt, le maître à jouer de cette équipe. A 36 ans et 70 sélections, c'est lui qui a les clés du camion, lui qui décide s'il faut jouer à la main ou au pied, quand il faut alterner et occuper le terrain par un grand coup de chausson. Car un jeu de mouvement ne veut pas dire attaquer à outrance. Il faut aussi être capable de jouer chez l'adversaire par du jeu long. Catt mais aussi Peter Hewat excellent dans cet exercice. Ils sont les garants d'un certain équilibre dans le jeu des Exiles. Contre les Harlequins, samedi dernier, les Irish ont ainsi eu beaucoup de ballons à jouer, mais ils ont pêché dans l'utilisation. Et comme par hasard, Catt n'était pas là, blessé au mollet.
Pour vaincre les London Irish, il faut donc d'abord rivaliser dans les phases de conquête, surtout en touche. Il faut ensuite essayer de ralentir leurs sorties de balles sur les rucks, pour empêcher leurs lancements de jeu. Il faut enfin mettre une grosse pression défensive sur Mike Catt, s'il joue, et sur Peter Hewatt. La discipline sera également cruciale, comme elle l'est à chaque fois. Les Perpignanais n'avaient pas su appliquer toutes ces consignes. Les Toulousains savent comment faire, il ne reste plus qu'à...