Championnats d'Europe

Basket - ChE (H) - L'inquiétude de Bergeaud



Payer le prix fort. Au sens propre, l'expression s'applique aux clubs NBA qui dépensent des millions de dollars chaque année pour s'appuyer sur des joueurs tels que Tony Parker et Boris Diaw. Au figuré, elle illustre l'impuissance des fédération nationales, à l'instar de la FFBB, devant le principe de précaution de plus en plus favorisé par les franchises américaines pour leurs joueurs. L'équipe de France devrait ainsi être privée de ses deux stars lors du deuxième match de préparation à l'Euro, samedi contre la Belgique. Et pourtant, Diaw n'est pas blessé et Parker sera quasiment rétabli...

«La cheville de Tony va très, très bien mais on avait dit qu'on ne prenait pas de risque», explique Claude Bergeaud, qui a vu son meneur repartir à San Antonio pour passer des examens avant de revenir (normalement) vers le 8 août. «Je ne vois pas pourquoi il serait interdit (de revenir), sauf si les Spurs disent "l'équipe de France, c'est fini", ajoute-t-il. A ce moment-là, on aura compris que c'est fini à jamais. Parce que s'il ne revient pas pour ces raisons-là, qui sont insignifiantes - un coup sur un pied qui provoque un petit truc de trois fois rien -, ça veut dire que c'est fini. On n'aura plus jamais les joueurs NBA au moindre "pet"».

L'absence de Diaw serait «un coup de poignard dans le dos»

L'inquiètude est forte mais les traces d'agacement restent relativement sobres. Car argent oblige, la FFBB serait forcément perdante si elle entrait dans un rapport de force avec les franchises NBA. Ce qui oblige à un discours légitimiste en faveur des clubs, un paradoxe dans le monde du sport de haut-niveau. «Puisque (les Spurs) sont propriétaires du joueur, je comprends très bien qu'ils veuillent faire des examens complémentaires, des vérifications, des assurances», assure Bergeaud, un discours qui doit faire rêver Jean-Michel Aulas, le patron de l'Olympique lyonnais, parti en guerre contre la toute puissance des sélections en football.

L'agacement reste mesuré, mais il n'est pas inexistant. Juste, il ne s'applique pas au fonctionnement des franchises NBA, rendu possible par l'absolue discrétion de la FIBA, mais aux conséquences de leurs décisions. Concernant Boris Diaw, à l'arrêt en raison d'un problème d'assurance, Claude Bergeaud est clair : «Si on nous dit que non (Boris ne peut pas jouer), c'est un coup de poignard dans le dos. Au-delà de Tony, c'est autour de Boris qu'on a construit. Si on avait su avant que Boris n'était pas présent, aujourd'hui certains joueurs ne seraient pas là et d'autres seraient là. On n'aurait pas fait pareil (...) (Sans Diaw) on serait démembrés». «Quand les types de 130 kilos disent certaines choses, ceux de 60 les écoutent», disait Jean-Paul Belmondo dans "100 000 dollars au soleil". La phrase marche justement en remplaçant kilos par dollars. X.C.

Selon lequipe.fr

IL S'EST PASSÉ QUELQUE CHOSE



Par Xavier COLOMBANI, à Madrid

L'équipe de France a passé avec succès un test majeur pour son premier match du deuxième tour en dominant l'Allemagne (78-66) à l'issue d'un match où les progrès de son jeu collectif ont été patents. Si les Bleus peuvent regarder vers les quarts, ils doivent désormais disputer leur match le plus difficile des huitièmes, lundi (19h), face à la Lituanie.

Nowitzki : zéro point dans le troisième quart-temps !

Ce que l'équipe de France avait produit de manière instinctive et partielle contre l'Italie, mardi à Alicante, elle l'a reproduit de façon réfléchie et régulière contre l'Allemagne, pour le premier tournant de l'Euro. Cette entrée en lice dans le Tour huitièmes de finale, qui devait séparer les ambitieux des anxieux, et qui a vu les Bleus verser dans la première catégorie, a été marquée par l'apparition d'un groupe foncièrement altruiste. «On a bien fait tourner la balle, on a été très patients et on a respecté la consigne de renverser le ballon», se réjouit Cédric Ferchaud. Les Français n'ont pas regardé jouer Tony Parker, devenu «le facteur X» selon le Palois, l'exception et non plus la règle, ce qui ne l'a pas empêché de marquer 23 points. Ce qui leur a permis de montrer enfin leurs progrès individuels en profitant des espaces ouverts, notamment par Tariq Kirksay, à l'image de Florent Piétrus (2/2 à 3 points).

Transfigurés en attaque, les Bleus devaient aussi relever un défi colossal en contrôlant Dirk Nowitzki, ou, plus réaliste, en l'isolant, le fatiguant, et en neutralisant ses équipiers. Ce qui a été respecté même si la réussite d'Ademola Okulaja en première mi-temps (12 points à 5/7, 4 rebonds offensifs) a laissé apparaître un éclat sur la carrosserie. «On ne voulait pas le prendre (Nowitzki) à deux, à trois, où lui imposer des directions», explique Boris Diaw. Tout s'est fait à l'énergie, ce qui a permis au "Wunderkind" de scorer en force dans un premier temps, dont un trois points à la sirène de la mi-temps pour revenir sous la barre des dix points de retard (47-39), avant de s'écrouler avec zéro point inscrit dans le troisième quart-temps. Les Bleus en ont profité pour faire monter l'écart à +14 (59-45, 27e), dépassant les +13 atteints dans le deuxième quart-temps (43-30, 17e). Les Allemands ne sont jamais revenus à -10 par la suite.

Confirmer contre la Lituanie

Il faut maintenant attendre confirmation face à des équipes plus dangereuses, plus complètes, et la Lituanie est l'une d'entre elles. D'autant que tout n'a pas été parfait, bien sûr, ce samedi. Plus concerné qu'au premier tour, Boris Diaw manque de réussite (3/12). Et le relâchement guette parfois aux coins du parquet. «Quand on a quinze points d'avance, on l'a vu depuis le début de l'Euro, on a tendance à se relâcher un peu et à gérer», note Cédric Ferchaud. Ce qui a notamment permis aux Allemands de revenir à deux points des Bleus au début du troisième quart-temps (47-45, 22e). «Il faut qu'on joue comme s'il y avait toujours égalité, ajoute-t-il. C'est quelque chose qu'on doit apprendre des Espagnols, ils ne relâchent jamais.» Vouloir ressembler aux champions du monde en titre, et croire qu'on le peut, voilà la meilleure chose qui pouvait arriver aux Français. Avec une défaite, il aurait plutôt fallu éviter de tomber aussi bas que les Turcs, désolants au premier tour, et que les Bleus affronteront mercredi. Peut-être pour la première place suivant les résultats de la Slovénie et du match contre la Lituanie lundi.

Selon lequipe.fr