Rétro 2007: la folle année de Laure Manaudou
PARIS (AFP) — L'égérie de la natation française Laure Manaudou a mis en émoi le pays tout au long d'une année 2007 de folie, où elle a brillé aux Mondiaux-2007, puis rompu avec son mentor Philippe Lucas pour s'exiler en Italie avant d'en partir avec fracas.
"Il y a eu beaucoup de changements et ça s'est plutôt bien terminé étant donné tout ce qui m'est arrivé", résume Manaudou.
La nageuse peut être satisfaite alors que tous ces mois de tumulte n'ont en rien altéré son exceptionnel talent de championne, à l'approche des jeux Olympiques de Pékin.
L'année avait démarré sur les chapeaux de roues pour Manaudou avec notamment deux titres mondiaux en mars à Melbourne sur les 400 m et 200 m nage libre, ce dernier agrémenté d'un record du monde (1:55.52).
De retour d'Australie, personne n'avait envisagé que Manaudou puisse rompre avec celui qui l'avait amenée à un tel niveau, son entraîneur Philippe Lucas, alors que les JO se rapprochent à grands pas.
Pourtant, début mai, elle prend son chat et ses affaires et quitte le club de Canet-en Roussillon, après six années passées avec Lucas, abandonné par le diamant brut qu'il a façonné.
"Je ne supportais plus physiquement les entraînements de Lucas. A ce rythme-là j'allais exploser", confie à l'époque Manaudou à un quotidien sportif.
Malgré son fort caractère et sa grande capacité d'endurance, la jeune fille n'en peut plus des 17 kilomètres au quotidien imposés par Lucas, dont le leitmotiv est: nager, nager et encore nager.
A bout de souffle, la Française de 20 ans qui aspire à vivre aussi sa vie de femme, commet l'impensable. Amoureuse depuis l'été 2006 du nageur Luca Marin, elle part s'installer en Italie, à Vérone.
Les fédérations française et italienne sont mises devant le fait accompli.
"La décision est prise, je resterai en Italie jusqu'à la fin de ma carrière", affirme alors la championne du monde, qui privilégie sa vie amoureuse plutôt que sa vie sportive, exposant désormais sa vie privée.
Le coup de tête de Manaudou n'est pas sans conséquences. La France se demande comment elle va pouvoir gérer la préparation olympique de sa championne et l'Italie se demande comment la garder -une aubaine, finalement - alors que Vérone est un centre fédéral où s'entraînent ses deux grandes rivales européennes, Federica Pellegrini et Alessia Filippi.
Le compromis est trouvé avec le club de LaPresse à Turin, géré par Marco Durante et dont l'entraîneur est Paolo Penso. Le DTN français, Claude Fauquet, se prépare à contre-coeur à des allers-retours avec l'Italie. Manaudou reste licenciée à Canet.
Fin juin à l'occasion des Championnats de France à Saint-Raphaël, Manaudou fait ses classes sous la houlette de Penso, qui ne semble guère avoir d'emprise sur elle.
Tout va bien, les chronos sont bons même si la nageuse a plus fait parler son fort vécu sportif alors qu'en Italie elle profite surtout de l'homme de sa vie.
Un mois après, les choses se gâtent sérieusement. La saga italienne prend fin brutalement au lendemain de l'Open de Paris. Le 6 août, le club de LaPresse annonce l'exclusion de la championne en raison de son comportement, fustigeant notamment sa désinvolture et son manque de motivation.
La rupture se fait sur fond de différend concernant la signature d'un contrat avec un équipementier, pour lequel des poursuites judiciaires sont engagées.
Laure se réfugie dans sa famille à Ambérieu-en-Bugey (Ain), où elle se ressource avant d'annoncer fin août qu'elle s'y entraînera sous la houlette de son frère, Nicolas, jeune entraîneur de 21 ans, qui s'occupe déjà du dernier de la fratrie, Florent, 16 ans.
Sous le feu de nombreuses interrogations, Manaudou répond brillamment dans l'eau lors de sa rentrée à Berlin à la mi-novembre.
La jeune femme est différente, plus souriante et moins tendue. "Plus humaine", disent certains.
Laure Manaudou a pris de la maturité.
"Je pense que lorsqu'on est jeune, on fait tous des erreurs. C'est en faisant les erreurs qu'après on les répare", souligne Manaudou en évoquant son bilan 2007 à l'issue des Championnats d'Europe en petit bassin à Debrecen.
La +love-story+ avec Marin est terminée. C'est désormais un dossiste mulhousien qui occupe son coeur, Benjamin Stasiulis.
"C'est l'année la plus folle que j'ai eue", dit-elle en conclusion.